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L'interwiew du Mois


  musique

  TIKEN JAH FAKOLY:      L'Ivoirité, un concept raciste



Tiken (petit garçon), Jah (Dieu pour les reggaemen) et Fakoli, nom de son ancêtre jadis lieutenant de guerre des armées de Soundjata Keita. Le patronyme est kilométrique, la tirade l’est davantage. Tiken Jah Fakoli est l’étoile montante du reggae ivoirien. Sa langue, il ne l’a pas dans sa poche et ses “ cours d’histoires ” (titre d'un de ses Cd) fustigent et refusent la médiocrité, l’injustice, la dictature. Son vrai nom, c'est Doumbia Moussa. Sa musique vient des entrailles de l’Afrique. Une Afrique qu’il chante à sa manière avec un verbe qui “ s’engage ”. Rencontre avec l’auteur de “ Mangécratie ”, avec ce dur à cuire qui, au plus fort du pouvoir militaire, n’a pas pris des gants pour qualifier le général-président Robert Gueï de… “ caméléon ”. Sans détours, il s'est confié au "Soleil".


Tiken Jah Fakoly

Comment as tu atterri au reggae et quels sont tes albums déjà sur le marché ?

Tiken Jah Fakoli : J’ai toujours été passionné par la musique, particulièrement le reggae. En 1989, j’avais créé mon groupe, le Djelys. En 1993 mon premier album est sorti, toujours titré “ Djelys ”, suivi de “ Missiri ” en 1994. Ce n’est qu'en 1999, avec la sortie de “ Mangécratie ”, que j’ai eu la reconnaissance du public ivoirien et africain. Je crois que c’est cet opus qui est le plus connu ici au Sénégal. Mon avant dernier disque intitulé, “ Cours d’histoires ”, et le CD “ Caméléon ” sorti l'année dernière sous le régime du général Gueï, sont aussi sur le marché. Le reggae est ma vie. En 1977, lorsque j’écoutais Bob Marley, Burning Spear et les autres musiciens de reggae, je rêvais déjà de chanter et de faire de la musique.

Pourquoi un tel engagement dans tes textes ?

T. J. F. : L'Afrique est arrivée à un moment où tout le monde devrait s’engager. Quand je parle d’engagement, je veux parler des artistes, des journalistes, des hommes de culture en général. Je pense que depuis l’indépendance, nous avons essayé de faire confiance à nos leaders politiques. Mais j'ai l’impression qu’il existe une mafia entre eux et les dirigeants de l’Occident. C’est pour cela que l’Afrique ne peut pas, jusqu’à présent, sortir du “ trou ”. Nous devons nous engager, ne serait-ce que par la liberté d’expression, afin de dire les choses comme elles sont.. Quand le général Gueï avait pris le pouvoir en décembre 1999, j’avais dit dans la presse : ok, c’est bien il nous a tiré des pattes d’Henri Konan Bédié qui ne voulait pas nous écouter et qui n’était pas un démocrate. Malheureusement, lui aussi a répété les mêmes erreurs et bêtises qu'Henri Konan Bédié. On a été obligé de l’attaquer. Et quand je dis “ on ”, je parle des artistes, des journalistes, des hommes de sciences… C’est pourquoi, quand il a commencé à dévier en s'écartant de ses promesses, j’ai sorti l’album “ Caméléon ”. Je l’ai sorti pour empêcher le général de continuer de nuire car quand il était arrivé, il a promis qu’il était juste venu pour “ balayer la maison”. Il a fait cette promesse devant toute la nation. J’ai pris des risques, mais c’était bien car il a été mis à la porte.

Que penses-tu du concept d'ivoirité toi qui es d'origine guinéenne ?

T. J .F. : C’est un concept aberrant qui est proche des thèses développées par les militants d'extrême droite du parti de Jean Marie Le Pen en France. C’est du racisme, de la xénophobie, du n’importe quoi ! C’est un concept qui est mauvais, nocif pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui a eu une politique d’ouverture de 1960 à 1993 sous Houphouët et Boigny. C'est cette politique qui a permis à nos frères Maliens, Sénégalais, Burkinabé et autres Africains de bâtir ensemble ce pays en joignant leurs  forces et leurs compétences. Aujourd'hui, tous ces frères sont confrontés à l’ingratitude, au racisme et au mépris de quelques Ivoiriens. C’est dommage et c’est nul ! Je trouve même pas assez de mots pour fustiger ceux qui ont élaboré ce concept. C’est médiocre ! Je pense que c’est la création de ce mot (l'ivoirité) qui a attiré toutes les malédictions en Côte d’Ivoire. Ce pays était celui qui avait le meilleur départ dans la sous-région, mais depuis 1993 aucune structure de développement n’a été mise en place dans les villes. Les Ivoiriens ont cessé de travailler et nous avons perdu beaucoup de temps. Nous sommes entrés dans un débat illogique pour déterminer qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Cette ingratitude a fait que la Côte d’Ivoire est maintenant en déclin. J’ai décidé, depuis l’apparition du concept d'’ivoirtié, de me battre pour éviter que l’on continue sur ce mauvais chemin emprunté par Konan Bédié et Robert Gueï. Une voie que continue d’emprunter l’actuel président Laurent Gbagbo. J'estime qu'il faut rendre justice à ces femmes violées (durant les évènements post-électoraux, ndlr), enquêter et mettre de la lumière sur les charniers (des cadavres avaient été découverts dans le quartier populaire de Yopougon, ndlr)… Sans cela, je ne pense pas que le pays pourrait repartir sur de bonnes bases et la paix revenir définitivement car il y a eu trop d’horreurs commises.

 

Selon toi, le mélange des peuples et des ethnies peut-il constituer une force ou, au contraire, un frein au développement de l’Afrique ?

T. J. F. : C'est ce brassage qui fera la force de l'Afrique . D’ailleurs, moi, on me colle toutes les nationalités. Quand un journaliste proche du pouvoir, en voulant m’insulter, m’a dit : "Tiken Jah le Malien, le Sénégalais, le Burkinabé , j’etais très fier de cela. Je descends du grand empire mandingue qui s’étendait dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ce n'est pas faux lorsqu'on me dit que j’ai plusieurs nationalités puisque ce n’est qu'en 1895 que le colonisateur français est venu faire des tracés pour, par exemple, que la Côte d’Ivoire s'étend de tel lieu à tel lieu. Peut-être qu’avant que le colonisateur ne vienne en Afrique j’étais mandingue ou burkinabais. Pour ma part je reste un Africain.

Pourquoi tu as choisi le reggae et pas une autre forme musicale plus ivoirienne, comme le zouglou par exemple ?

T. J. F. : Le reggae parce que c’est une musique basée sur le message. C'est pourquoi je l’ai choisi. Je demandais à ceux qui parlaient anglais, vers la fin des années 70, de me traduire les textes de Bob Marley. J'étais à l’école primaire à cette époque. J’ai commencé à chanter des textes engagés parce qu’il faut que les artistes se lèvent pour aborder des sujets, surtout ceux qui sont considérés comme tabous. Il faut que les gens puissent penser que si Tiken Jah peut dire ça, pourquoi pas moi. Il faut que, par exemple, les policiers qui nous arrêtent dans la rue sachent que c’est avec notre argent que nous les payons et qu'ils nous doivent le minimum de respect. Notre rôle, nous artistes, est d’informer, d’éduquer et de veiller sur les consciences. Je crois que si le peuple africain a conscience de ses droits et devoirs, il les défendrait mieux.

C’est ta premiére visite au Sénégal. Quelle est ton opinion sur la situation politique et social de ce pays ?

T. J. F. : Aujourd’hui, les Sénégalais se sont rendu compte qu’un régime qui est resté au pouvoir pendant 40 ans et qui ne respecte pas ses engagements doit être dégommé. Vous avez décidé de donner les pleins pouvoirs au nouveau président. C'est la meilleure façon de le critiquer pour que, à la fin de son mandat, il ne vienne vous dire : il fallait me donner les moyens de travailler. C’est pour vous dire que les mentalités sont en train de changer. Les élections législatives (celles de dimanche dernier, ndlr) se sont déroulées sans querelles. Je n'ai pas encore lu tous les journaux, je suis arrivé le jour des élections, mais je sens que les citoyens ont fait confiance à ceux qui ont organisé le scrutin. Le peuple sénégalais est mûr et sait désormais ce qu’il veut. Cela fait partie du changement de mentalité. Le Sénégal est très connu dans le monde entier pour sa démocratie et ça fait plaisir. C’est vraiment une fierté pour toute l’Afrique. A mon avis, cela constitue un bon début de changement de mentalité dans le continent. Les hommes politiques ont fait trop de conneries depuis les indépendances et je pense qu’ils ont prouvé qu’ils ne pouvaient nous amener nulle part. Seul le travail des jeunesses africaines peut nous tirer de l’impasse.

Toi et Alpha Blondy êtes les deux stars du reggae en Côte d’Ivoire. On parle même d’une certaine concurrence entre vous deux. Qu’en est-il exactement ?

T. J. F. : Nous avons des rapports de grand frère et de petit frère. C’est celui qui a fait découvrir la musique ivoirienne au reste du monde. C’est vrai que nous ne nous voyons pas souvent, mais je pense que quand l’occasion se présentera je vais le rencontrer. C’est vrai que nous n'avons pas l’habitude de nous donner des coups de mains, mais il n'y a pas de querelles entre nous deux. Tout se passe très bien en tout cas de mon côté.

La musique mbalakh, ça t'intéresse ?



 

  T. J. F. : C’est une musique superbe, j’aime bien. C’est une musique qui vend bien le Sénégal à l'extérieur. Tu entends des sonorités que tu n’entends que dans le mabalakh. Il y a une originalité qui se dégage de ses rythmes.

Que penses-tu de ce festival Banlieue Rythmes* auquel tu est venu participer ?

T. J. F. : C’est une merveilleuse idée car des jeunes sont parvenus, avec peu de moyens, à inviter des artistes pour animer leur festival. En plus cette volonté de décentralisation en banlieue est rare, même en Côte d’Ivoire. Il nous manque de telles manifestations. Ces initiatives sont à encourager et c’est grâce aux jeunes qui ont organisé le festival que je suis  au Sénégal. Il y aura également la fanfare des Beaux-Arts de Paris…

Quel est ton plus grand souhait pour l’Afrique ?

T. J. F. : Mon rêve est que la paix demeure partout et que nous réalisons l’unité africaine. Il ne faut pas que nous entrions dans ces problèmes qui divisent chrétiens, musulmans, etc. Des questions le plus souvent inventées par les politiciens. Je pense que la religion ne peut pas mettre en mal les Africains car, que ce soit le christianisme ou l’islam, ce sont des religions importées. Avant, nous constituions des communautés vivant en parfaite symbiose. Je souhaite que des conneries pareilles cessent !

Comment t'es venu ce surnom de Tiken Jah Fakoli ?

Tiken vient de mon père. C'est la déformation d’un mot malinké car chez nous, petit garçon veut dire “ tieni ” et mon père m’appelait ainsi parce que j'étais très turbulent. Un ami artiste ghanéen avec qui j’avais débuté et qui ne parlait pas français transforma cela en “ Tiken ”. C’est comme ça que ce surnom m’est venu. Pour le Jah, c’est depuis le lycée. J’adorais le reggae et tous mes amis m’appelaient Jah. Quant à Fakoli, c’est le nom d’un de mes ancêtres qui était le lieutenant de guerre de Soundjata (roi des Mandingues, ndlr) et qui a joué un grand rôle dans le combat contre Soumangourou Kante. En 1989, lorsque j’étais allé en Guinée, j’ai trouvé qu’on parlait beaucoup de "fakoli guimba", de "fakoli daba" . C’est comme ça que le nom Fakoli m'est venu.

 

Les remerciements de l'équipe d'AfriCadenceNews à  MARIAMA SYLLA
(Quotidien Le Soleil Sénégal)
pour la réalisation de cet entretien


 

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